"Mon Histoire"
Du langage du marketing aux lignes de l’architecture — j’ai tracé un nouveau chemin, un plan à la fois.
Je soupçonne que mon amour pour l’architecture a commencé bien avant que je ne sache ce que c’était. En fait, avant même ma naissance. Selon ma mère, pendant sa grossesse, elle avait développé une envie insatiable de visiter des biens immobiliers. Les portes ouvertes sont devenues notre rituel prénatal. Une coïncidence ? Je ne crois pas.
Des années plus tard, alors que j’étudiais l’économie d’entreprise, j’ai emménagé dans mon tout premier micro-studio. Et là, tout a fait sens. Une kitchenette ingénieusement dissimulée dans ce qui avait autrefois été un garde-manger ? Du génie. J’étais conquise. Optimiser les petits espaces est devenu une obsession personnelle. J’ai peint les murs de mon logement en couleurs vives (ce qui, si vous connaissez la Suisse, est presque révolutionnaire), je suis partie en chasse de solutions de rangement astucieuses, et j’ai dévoré tout ce que je pouvais trouver sur l’art de transformer de minuscules espaces en véritables refuges. Mais à l’époque, ce n’était qu’un hobby. J’avais une carrière prometteuse dans le marketing, et un changement de voie n’était même pas envisagé… pas encore.
Puis est venu le moment où la graine a été plantée. Lorsque je quittais ce cher appartement, quelques candidats à la reprise m’ont demandé si j’étais architecte d’intérieur professionnelle. J’ai ri, flattée. Mais ce mot, professionnelle, est resté tapi dans un coin silencieux de mon esprit. Il faudrait encore quelques années, et deux événements dévastateurs, pour que cette graine germe.
En peu de temps, j’ai perdu deux voisins, tous deux de mon âge, dans des circonstances bouleversantes. Ce fut un électrochoc. La vie est imprévisible. Pourquoi la gaspiller sans faire ce qu’on aime vraiment ? Je ne voulais pas passer des décennies à me demander "Et si ?" Je devais vivre avec audace, avec intention. Alors j’ai fait l’impensable : j’ai changé de cap.
Mais pas sans plan.
1. Me former – Je me suis inscrite à un programme de deux ans en architecture d’intérieur tout en gardant mon emploi à temps plein dans le marketing (et en investissant plus de 10 000 CHF pour y parvenir).
2. Entrer dans le milieu – J’ai développé mon réseau, rejoint des communautés, et créé des liens dans un domaine qui m’était totalement nouveau.
3. Acquérir de l’expérience concrète – Parce que l’inspiration, sans application, ne bâtit ni murs… ni carrière.
Le chemin fut loin d’être facile. Je n’oublierai jamais mon premier cours du soir au Swiss Design Center. Je me sentais comme une touriste dans un pays étranger où tout le monde parlait couramment la langue “architecture”. À un moment, j’ai envisagé d’abandonner. Mais un professeur bienveillant m’a rappelé : on n’a pas besoin de voir toute l’image dès le départ. On la construit — cours après cours, couche après couche.
Alors, j’ai continué.
J’ai appris à esquisser, dessiner des plans, construire des maquettes, naviguer dans les normes de construction, travailler en CAO (2D/3D) et gérer un chantier. Pendant que d’autres enchaînaient des petits boulots, j’ai consacré toute mon énergie aux cours, aux projets et aux marathons de dessins nocturnes. Chaque week-end devenait un bootcamp créatif. Il y eut des larmes. Des victoires. Et encore des larmes. Mais peu à peu, j’ai trouvé ma voix dans le langage de l’espace.
J’ai obtenu mon diplôme en 2020, juste à temps pour que le monde se mette sur pause. Mais je n’allais pas laisser une pandémie freiner mon élan. Je me suis inscrite au cours The Architectural Imagination de la Harvard Graduate School of Design, simplement pour garder le rythme. Je l’ai terminé avec fierté.
Peu après, j’ai plongé dans mon premier vrai projet : reprendre un chantier familial en Afrique, à l’arrêt, et le gérer à distance (oui, famille + construction + distance = chaos total). Ce fut une aventure mouvementée, mais les résultats en ont valu la peine. C’était le rêve de mes clients depuis dix ans, et j’ai contribué à le concrétiser.
Puis est venu un autre tournant : j’ai rejoint l’American Institute of Architects (AIA). Des portes se sont ouvertes que je n’aurais jamais imaginées. J’ai intégré l’équipe d’organisation d’événements de l’AIA Continental Europe, été sélectionnée comme mentorée dans le programme Nexus Emerging Professionals, puis ai siégé au conseil d’administration en tant que trésorière. J’y ai rencontré des mentors incroyables, noué des amitiés durables et trouvé ma place dans cette communauté internationale.
En 2025, j’ai choisi de me concentrer sur ce que je recherchais depuis toujours : une expérience pratique, concrète, sur le terrain. C’est le chapitre que j’écris aujourd’hui.
Pourquoi je fais ce métier
Oui, j’ai un parcours atypique. Et peut-être que cela ne conviendra pas à tout le monde. Mais je crois que ceux qui ont une vision au-delà du CV verront ce que j’apporte :
- Le courage de repartir de zéro.
- La discipline d’apprendre et d’évoluer sans relâche.
- La passion de créer des espaces qui se sentent comme chez soi, même s’ils ne sont ni vastes ni luxueux.
- Et la volonté de m’améliorer sans cesse, projet après projet.
Ce portfolio est plus qu’une collection de travaux — c’est une preuve de persévérance, de créativité et de cœur. Je suis impatiente de découvrir la suite. Et j’espère que nos chemins se croiseront en route.